La pluie diluvienne qui s’est abattue sur la capitale burkinabè et ses environs, le lundi 31 août 2020, a occasionné des inondations qui ont fait de nombreux dégâts, en particulier dans les zones non-loties. Constat au quartier Bissighin, ce 1er septembre 2020.
La saison pluvieuse est un cauchemar pour beaucoup de familles dans les zones périphériques de la capitale. A Bissighin, un quartier situé au nord de Ouagadougou, les traces du passage des eaux du lundi 31 août 2020 sont encore visibles. Dans la famille Tondé, une maison s’est effondrée à moitié, sans faire de victime.
« L’an dernier, c’était ma maison. Cette année, c’est celle de mon fils aîné. C’est après avoir mis à l’abri ma petite-fille qui dormait au salon que la maison s’est effondrée. On rend grâce à Dieu pour avoir épargné sa vie », explique Fati Tondé qui partage le même habitat que sa coépouse et ses enfants. « Le chef de famille nous a quittés il y a quelques années de cela. Ma coépouse et moi, on se débrouille pour subvenir aux besoins de la famille, soutenues par mon fils aîné. La vie n’est pas facile, mais on s’accroche », ajoute-t-elle.
- Dieu a un plan pour tout le monde, selon dame Tomdé
Comme elle, Issouf Yaméogo n’a que ses yeux pour pleurer. Sa maison a cédé après la pluie qui est abondamment tombée. Il a récupéré ce qu’il a pu de sa maison écroulée. N’ayant plus de toit, M. Yaméogo s’est retourné vers ses beaux-parents pour qu’ils hébergent sa petite famille, le temps de remettre en état sa maisonnette. Lui-même s’est réfugié chez un ami. C’est en pareille situation qu’on reconnaît la valeur de l’amitié.
- Issouf Yaméogo ne sait plus où mettre la tête
A l’écouter, c’est au regard de la cherté de la location des maisons qu’il subit chaque année ce calvaire. « Pour louer une maison, il faut dépenser au bas prix 15 mille F CFA par mois, sans compter les autres dépenses de la famille », indique M. Yaméogo, père de deux bambins. Avec son métier de peintre, il ne peut pas se permettre ce luxe surtout que ses activités ne marchent pas. Impuissant face à cette situation, il demande aux autorités d’avoir un cœur sensible pour les couches vulnérables, notamment les ménages vivant dans les zones non-loties de la ville de Ouagadougou.
Partout, c’est la désolation
Un peu plus loin, c’est le même constat chez Karim Ouédraogo. Une maison effondrée, des biens abimés. Certains effets ont été mis à l’abri. En l’absence du chef de famille, nous avons été reçues par sa génitrice, Fatimata Korbéogo, qui tente de trouver une explication à ce drame : « Il n’y a pas de canalisation dans notre quartier. Et comme la maison est vieille de plus de 15 ans et mal construite faute de moyens financiers, naturellement elle n’a pas pu résister à la forte quantité d’eau ».
- Cette habitante de Bissighin demande aux autorités de leur venir en aide
Cette quinquagénaire qui s’occupe de sa belle-fille et de son petit-fils, depuis le départ de son fils pour la Côte d’Ivoire, ne sait plus à quel saint se vouer. « Mon fils a quitté le pays pour la Côte d’Ivoire afin de s’assurer de meilleures conditions de vie. Malheureusement, il n’a pas pu réaliser son rêve. Il ne peut pas regagner le pays parce que les frontières sont fermées à cause de la pandémie du Covid-19, mais aussi et surtout parce qu’il n’a pas les moyens », confie-t-elle, avec un air pensif. Dame Korbéogo compte également sur la bonté des autorités burkinabè.
Moussa Nabolé réside au quartier Bissighin, il y a plus de 50 ans. Contrairement à certains de ses voisins, son habitat n’a pas subi les conséquences de la pluie. Aujourd’hui, il est très remonté contre les premiers responsables de l’arrondissement N°8.
- Moussa Nabolé interpelle les responsables de son arrondissement
La raison, après la pluie, ni le maire, ni les conseillers et encore moins les délégués n’ont effectué le déplacement pour constater de visu l’ampleur des dégâts et exprimé leur solidarité aux sinistrés. « Si aujourd’hui, ils occupent des postes de responsabilité, c’est en partie grâce à nous. Et c’est comme ça qu’ils nous remercient. Mais on les attend au tournant. Aux élections législatives prochaines, nous n’allons pas porter nos voix sur leur personne », martèle-t-il.
Comme le dit un l’adage populaire, « vaut mieux prévenir que de guérir ». Des pluies, il y en aura certainement encore.
Aïssata Laure
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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