Un groupe d’environ 300 jeunes quitte le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) pour le CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès). Pour se justifier, ils pointent du doigt la « mal gouvernance » au sein du parti au pouvoir et l’ont fait savoir ce jeudi 2 août 2018, au cours d’une conférence de presse animée à Ouagadougou.

Les secousses au sein des partis politiques ont déjà commencé. Le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), parti au pouvoir, enregistre déjà des départs. Dans la salle de conférence de l’Association nationale des retraités Antoine-Nanga, ils étaient nombreux, les démissionnaires du MPP, à confirmer aux journalistes leur démission de l’actuel parti au pouvoir.

Des excuses aux Burkinabè

Tel le fils prodigue (dans la Bible), le conférencier, Mohadi Ouédraogo, web activiste connu sous le nom de « Intègre Madi de Gounghin », avant d’entamer les échanges, a présenté ses excuses aux Burkinabè. « Nous voudrons solennellement, et en toute humilité et franchise, demander pardon, à genoux, au peuple burkinabè pour avoir contribué à conduire monsieur Roch Christian Kaboré à la tête de l’État burkinabè », s’est-il confessé.

Pour lui, tout comme ses camarades, ils ont été induits en erreur à cause de leur jeunesse. « Monsieur Kaboré avait su user de plus d’un tour (…) pour profiter de notre naïveté et de notre engagement pour le Burkina Faso », a-t-il ajouté.

La mal gouvernance comme raison de la démission


Les démissionnaires justifient leur acte par la persistance de certains actes ayant conduit à l’insurrection d’octobre 2014 qui a mis fin au pouvoir de Blaise Compaoré. « Notre grande désillusion ne mit pas du temps à s’installer. En effet, dès la prise du pouvoir de M. Kaboré, la nomination de sombres individus au passé très douteux à des hautes fonctions de l’État constituait déjà des signaux très négatifs annonçant le début de l’arnaque du siècle et la systématisation du pillage des ressources publiques au Burkina », ont soutenu les conférenciers.

L’économie est en mal


D’autres raisons les auraient poussés à claquer la porte du parti au pouvoir. Il s’agit de l’état actuel de l’économie et des cas de détournements révélés dans la presse. « Les entreprises ferment et se délocalisent, l’insécurité est à un niveau jamais égalé, chaque jour avec son lot de révélations de malversations et de corruptions ; la justice instrumentalisée à outrance, la liberté d’expression confisquée, le Code électoral taillé sur mesure afin de favoriser le tripatouillage des résultats, la fronde sociale jamais connue au Burkina », voilà le tableau sombre peint par les conférenciers.


Pour dénoncer cela et « éviter d’être complices de la déconstruction du Burkina », les frondeurs ont choisi de déposer armes et bagages au CDP. « Nous voudrons mettre notre patriotisme, notre détermination, notre énergie au service de ceux qui ont une vision et un projet de société réaliste pour le bon-vivre dans l’équité de tous les Burkinabè », ont-ils professé.

Aussi ont-ils appelé ceux qui veulent changer les choses à les rejoindre. « Nous retournons à la maison et appelons tous nos camarades et honnêtes Burkinabè qui regrettent et se morfondent au MPP à nous rejoindre au CDP pour, qu’ensemble, nous redressions la barque du Burkina qui tangue dangereusement sous le magistère de M. Kaboré », a conclu « Madi de Gounghin ».


Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils ont été bien accueillis par le CDP. « Sachez que le CDP est votre parti, c’est votre famille. Nous sommes contents d’avoir des gens comme vous, comme Madi de Gounghin », s’est réjoui Mohamed Tiendrebéogo alias Colonel, membre du bureau exécutif du CDP.

Les prochains jours seront consacrés à la sensibilisation dans les quartiers et aux groupes de causerie.

Jacques Théodore Balima

Lefaso.net

Source: LeFaso.net