L’actualité autour de la disparition du député Rose Compaoré, considéré comme la première victime du Covid-19 au Burkina, est revenue au cours de la conférence de presse du MPP (Mouvement du peuple pour le progrès, au pouvoir) de ce mercredi, 29 avril 2020 à Ouagadougou. Sur le sujet, Simon Compaoré a joué l’apaisement, appelant chacun à savoir raison gardée.

Plus d’un mois après le décès du député, les doutes persistent sur la thèse officielle avancée et la famille du défunt bât en brèches tout ce qui est avancé par le gouvernement. Au cours de cette sortie, et en réaction à une préoccupation sur ce sujet qui nourrit les débats ces jours-ci, le président du MPP, Simon Compaoré, a souhaité que l’on ne remue pas le couteau dans la plaie. « Sa disparition a été une triste nouvelle qui est tombée sur nos têtes, opposition comme majorité », exprime Simon Compaoré.

Puis poursuit-il : « Dans la tradition africaine, burkinabè en particulier, quand il y a des morts, on doit observer beaucoup d’attention et beaucoup de respect autour d’eux. Nous savons que sa disparition a créé une situation très difficile au niveau de sa famille, les plaies restent baignâtes, ouvertes et nous autres, notre mission, c’est de faire en sorte que ces plaies soient pansées rapidement et ne rien faire qui aille dans le sens de remuer le couteau dans la plaie. La décence voudrait que nous observions de tels comportements, et notre souhait, c’est que le Tout Puissant continue d’apaiser le cœur des membres de la famille. Nous devons faire tout, pour qu’elle repose en paix ».

Pour le principal intervenant à la conférence de presse, s’il y a des erreurs autour de cette situation, les responsabilités doivent être situées. C’est en cela qu’il pense que les voies administratives et judiciaires peuvent être mises en branle, tout en gardant intacte, la mémoire de la défunte.

En ce qui concerne la gestion même du COVID-19, si le parti au pouvoir dit se féliciter de la réactivité du gouvernement dans la mise en route rapide du plan de riposte, il admet aussi des insuffisances. « Il y a eu des ratés et il faut avoir le courage de le dire, comme dans beaucoup d’autres pays », avoue-t-il avant d’estimer que l’essentiel, c’est d’accepter les ratés et les rattraper pour plus de performance dans la lutte.

« Tout ce qui peut venir comme critiques qui ne font pas avancer, il ne faut pas s’en faire, c’est la nature qui est ainsi faite. Il faut positiver dans la lutte, pourvu que nous ayons le sentiment, in fine, que nous améliorons les prestations en faveur des populations. Sinon dans le traitement des malades, il y a eu des insuffisances, dans le domaine de la communication, il y a eu des insuffisances… Il y a eu des critiques positives et les choses sont en train de rentrer dans l’ordre et il faut s’en féliciter », critique le président du MPP.

« Il faut que nous apprenions à vivre désormais avec le virus, que la vie reprenne »

Simon Compaoré a saisi l’instant pour féliciter le personnel du ministère de la Santé, à tous les niveaux. « Le ministre et tous les agents de ce ministère peuvent compter sur les politiques, et surtout sur le MPP, pour les accompagner, jour et nuit, dans cette lutte contre cette maladie redoutable », déclare Simon Compaoré, se référant surtout à cet écrit de supposés membres du Bureau politique national du parti qui accable la ministre de la santé.

Toujours en ce qui concerne la gestion de la pandémie, il a loué la chaîne de solidarité qui s’est développée depuis. « Chacun a donné de ce qui lui était possible de donner », salue M. Compaoré, encourageant l’ensemble des populations à maintenir les efforts pour faire ployer le virus.

Sur la reprise des classes, les conférenciers ont réitéré le soutien du parti au gouvernement dans sa dynamique. « Nous faisons la politique, mais lorsqu’il s’agit de bien commun, de notre vie collective, on doit savoir raison gardée et se mettre ensemble. Que vous soyez de l’opposition, de la majorité ou de la société civile, chacun a des enfants, des parents qui sont soit à l’école primaire, au secondaire ou au supérieur. Et personne ne doute des conséquences d’une année blanche », convainc Simon Compaoré, prônant un élan commun autour de la question.

« Il y a des gens aussi qui pêchent en eau trouble, qui souhaitent qu’on s’asseye et qu’on reste sur du statu quo. (…). C’est une question de responsabilité assumée ; c’est l’Etat central qui a décidé d’arrêter les cours, il ne peut pas s’asseoir et dire que si les gens disent de reprendre, il reprendra ; ce sera irresponsable de sa part », avise-t-il avant d’ajouter que des échanges ont eu lieu avec les acteurs du monde de l’éducation, sans que tous n’épousent forcément les mêmes points de vue.


Les manifestations de commerçants pour la réouverture des marchés fermés n’ont pas non plus échappées aux sujets d’échanges. « Il y en a qui se sont opposés, quand on voulait rouvrir Rood-Woko (marché central, NDLR), en disant que c’est trop tôt. Ce sont les mêmes qui sortent pour aller de l’autre côté (les marchés jusque-là fermés, NDLR) pour pousser les autres à se soulever », affirme Simon Compaoré avant d’interpeller : « On ne peut pas faire la politique du pyromane ».

« Nous sommes pour la réouverture des marchés et nous avons demandé qu’il y ait la célérité, mais de prendre aussi des mesures subséquentes pour que l’ouverture ne soit pas un désordre organisé », a-t-il confié.

« Il faut que nous apprenions à vivre désormais avec le virus, il faut que la vie reprenne. Ne connaissant pas la fin de l’existence de ce virus dans notre pays, il faut qu’on fasse preuve d’adaptation et c’est ce que nous sommes en train de faire, pour ne pas disparaître du fait d’avoir refusé d’agir, de libérer notre génie pour pouvoir rester en mouvement et continuer à créer des richesses. Si on cesse de créer des richesses, nous allons disparaître », a encouragé Simon Compaoré, qui dit avoir foi en la capacité du peuple à remonter la pente.

O.L

Lefaso.net

Source: LeFaso.net