Le collège de Soala a été construit en 2018. En août 2020, le vent a décoiffé l’établissement. Pis, la terrasse et le bâtiment sont en état constant de dégradation. Tous conviennent que le vent n’est pas responsable. L’œuvre est humaine et on a le droit de se demander : Qui est responsable de la mauvaise exécution de l’infrastructure éducative de Soala ?

Soala, un village de la commune rurale de Nanoro (province du Boulkiemdé, dans le Centre-Ouest) souffrait depuis une dizaine d’années du manque d’infrastructures scolaires pour accueillir les enfants admis au cycle secondaire. Les élèves qui terminaient le cycle primaire devaient parcourir de longues distances pour poursuivre les études dans d’autres établissements secondaires.

L’année 2018 a vu le rêve des élèves et des parents se réaliser : un collège à Soala. Moins de deux ans après, les parents jadis contents verront leur joie se transformer en désespoir. En août 2020, le vent a arraché le toit de l’école. Aujourd’hui, la terrasse et le bâtiment sont en état constant de dégradation. Toutes choses qui préoccupent Kassoum Zongo, le président APE : « Nous avons peur pour nos enfants, surtout avec cette saison hivernale qui s’annonce. Il est possible que les rentrées prochaines, nos enfants n’aient pas d’école pour poursuivre les cours. »


Sur la responsabilité de cet état du bâtiment, M. Zongo répond : « Au moment de la construction du bâtiment, l’entrepreneur et son petit frère ont vendu du ciment et d’autres matériels à la population ». Le président APE souhaite qu’on revienne faire un constat pour réparer l’école.

La mairie accusée

Pour le chargé de communication de l’Association des ressortissants de Soala, la mairie de Nanoro est responsable. Hamado Sawadogo regrette qu’un collège qui n’a pas deux ans se retrouve dans cet état. « Soit l’entrepreneur n’a pas fait son travail, soit le contrôleur n’a pas joué son rôle. Ce qui est certain, la mairie de Nanoro est responsable puisque c’est elle qui a ordonné les travaux », martèle-t-il. Il ajoute : « Notre souhait c’est que Soala ait un collège de qualité et qu’on trouve un technicien qui vienne faire un travail de fond pour arranger l’école. A la suite de ce travail, nous saurons qui a mal exécuté les travaux. »

Le maire situe les responsabilités

Pour Jean Marie Zida, maire de la commune de Nanoro, la qualité des infrastructures éducatives n’est pas uniquement propre à Soala. Selon lui, la responsabilité est partagée : l’Etat, parce que l’enveloppe financière n’est pas élevée, les conseillers villageois de développement n’ont pas fait leur travail de suivi et de veille. Pour M. Zida, les CVD et la population ne se sont pas engagés totalement lors de la construction du bâtiment. Le bourgmestre continue en indexant l’entrepreneur pour le mauvais état d’exécution du bâtiment et le contrôleur qui n’a pas aussi veillé à un contrôle rigoureux.


Étant ordonnateur du budget, le maire pense qu’il a aussi une responsabilité morale dans cette affaire.

Selon Éric, secrétaire général de la mairie, le coût du bâtiment en plus des latrines et du bureau de l’administration est estimé à 39 millions de francs CFA.

Quant à l’entrepreneur, nous avons pris contact avec lui, et il a refusé de donner suite à notre requête. On n’a pas pu entrer en contact avec le contrôleur.

Le collège de Soala fait partie des établissements scolaires dont les travaux de construction restent douteux. Si rien n’est fait, l’école risque de s’effondrer comme d’autre auparavant.

Gérard BEOGO

Source: LeFaso.net