L’interrogatoire des 84 accusés du putsch manqué de septembre 2015. Les familles des victimes, le parquet militaire, les avocats des parties civiles, et surtout les journalistes n’attendent que cela. Eh, bien à l’audience de ce samedi 31 mars consacré à la suite de la lecture de l’arrêt de renvoi et de mise en accusation et l’examen de quatre demandes de liberté provisoires, le président du tribunal a annoncé que l’interrogatoire aura lieu le vendredi 6 avril 2018 à 9h.

Partis en trombe, vendredi après-midi, après que le président de tribunal, Seydou Ouédraogo, n’a pas accédé à leur requête de deux mois « minimum » pour citer les témoins de leurs clients, les avocats de la défense n’étaient pas nombreux, ce samedi matin. A l’ouverture, on n’en dénombrait cinq dont Me Keïta Mamadou, avocat du lieutenant-colonel, Mamadou Bamba, le lecteur des communiqués de l’ex-conseil national de la démocratie (CND). « Je me considère comme en mission en tant qu’avocat et jusqu’à présent mon client ne m’a pas dit de me déporter. S’il me dit de me déporter, vous ne me verrez pas ici », a-t-il clarifié aux journalistes.

Deux avocats abandonnent leur client

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Me Zampaligré Issaka (à gauche) et Me Halidou Ouédraogo, le 21 mars 2018

Déporter. Un bien curieux mot sorti, la veille, de la bouche de Me Prosper Farama, avocat de la partie civile, qui expliquait que le départ des avocats de l’audience n’avait aucune conséquence sur la procédure puisqu’ils avaient juste quitté la salle en signe de mécontentement et ne s’étaient pas déportés de l’affaire.

Ce samedi, alors que le greffier procédait à la lecture du « long » arrêt de renvoi et de mise en accusation, le président du tribunal, Seydou Ouédraogo a reçu deux lettres, celles de Me Issaka Zampaligré et de Me Halidou Ouédraogo, tous conseils de l’ancien bâtonnier, Me Mamadou Traoré. Les deux avocats ont décidé de ne pas poursuivre l’aventure auprès de leur client, qui rappelons-le, est l’accusé qui dispose du plus grand nombre de conseils pour sa défense.

Notons qu’au départ des avocats, la veille, Me Halidou Ouédraogo, lui, avait décidé de rester à la barre pour défendre son client. A en croire le contenu de sa lettre, à la suspension de l’audience, il a eu des échanges avec son client. Et c’est suite à une divergence de « points de vue », qu’il a donc pris la décision de ne plus assurer la défense du Me Mamadou Traoré. Ce dernier aurait-il préféré que son avocat soit solidaire des autres avocats de la défense plutôt que de rester en salle ?

« Sérénité »

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Me Halidou Ouédraogo dit avoir eu des divergences de point de vue avec son client

« Si les accusés pour lesquels les avocats se sont déportés ont plusieurs avocats, cela n’a aucun impact sur la suite de la procédure. Mais si les avocats étaient les seuls constitués aux côtés de cet accusé, il aurait fallu qu’on donne la possibilité à ces accusés de se choisir des conseils, à défaut que le bâtonnier constitue d’office des avocats à leur profit », a expliqué Me Séraphin Somé, avocat de la partie civile. Et puisque la lecture de l’arrêt de renvoi et de mise en accusation est achevée, l’avocat s’est dit serein estimant que « les choses sérieuses peuvent commencer ».

Le procès reprendra le vendredi 6 avril à 9h avec l’interrogatoire des accusés. « Y aurait-il un programme de passage des accusés ? », demande Me Farama au président du tribunal. « Non ! », répondra-t-il.

Herman Frédéric Bassolé

Lefaso.net

Source: LeFaso.net