La Fédération des Syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation et de la recherche (F-SYNTER) a clos les travaux de son deuxième conseil ordinaire, le vendredi 25 septembre 2020 à Ouagadougou. Cette rencontre a servi de cadre pour analyser le contexte socio-politique actuel. Concernant l’éducation, la F-SYNTER a fustigé la volonté du ministre de l’éducation nationale, Stanislas Ouaro, de détruire les engagements importants pris dans le protocole signé entre le gouvernement et les syndicats. Ceux-ci invitent donc leurs militants à se tenir prêts pour d’éventuels mots d’ordre de manifestations.

D’entrée, la F-SYNTER a dénoncé la crise politique et sociale qui frappe tous les piliers de l’ordre mondial. Cette crise se manifeste par les attaques contre les droits sociaux et démocratiques des travailleurs (licenciements, fermetures d’usines, chômages, privatisation des secteurs sociaux, etc.), des luttes inter-impérialistes pour le partage du monde et le développement de pratiques et phénomènes avilissant l’humanité.

A l’image de la situation internationale, celle du Burkina est marquée par un approfondissement de la crise révolutionnaire qui traverse le pays depuis près de deux décennies, avec des tournants majeurs dont les plus récents sont l’insurrection populaire d’octobre 2014 et la résistance héroïque au coup d’Etat de septembre 2015.

Des responsables syndicaux présents à cette cérémonie de clôture.

Au sortir de cette situation, les élections couplées ont vu l’arrivée au pouvoir du régime du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) dont les ténors sont d’anciens caciques du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et qui ont porté à bout de bras les « politiques néolibérales » impulsées sous Blaise Compaoré. « Dans le fond, il n’y aura pas de rupture fondamentale avec le système néolibéral en place », a souligné le responsable de la F-SYNTER, Souleymane Badiel.

A quelques mois de la fin de son mandat, la gouvernance politique, économique et sociale de ce pouvoir se révèle très désastreuse, à en croire la F-SYNTER. Sur le plan politique, les syndicats constatent un ébranlement des piliers du système néocolonial se traduisant par des crises ainsi que des scandales au sein d’institutions telles que la Justice et l’Armée. Le seul agenda actuel du gouvernement MPP et alliés, de même que de l’opposition politique, se résume à l’organisation des élections de novembre 2020, alors que tous les voyants sont au rouge.

L’enjeu pour cette classe politique n’est pas la résolution réelle des graves préoccupations du peuple, mais il s’agit de se faire élire coûte que coûte. C’est pourquoi, fait remarquer la F-SYNTER, personne de la classe politique ne pose le problème de la présence des forces étrangères sur le sol national, et personnes ne se prononce sur le jeu trouble de l’impérialisme dans la gestion de la situation sécuritaire et humanitaire que vit le peuple. Pour la F-SYNTER, les événements récents au Mali voisin sont un enseignement.

Des militants

Sur le plan économique, la vie chère s’approfondit du fait du faible pouvoir d’achat des masses laborieuses. Pendant ce temps, la corruption va galopante et est même érigée en système de gouvernance par le pouvoir en place. En témoignent les révélations permanentes de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption (ASCE-LC) et de la presse. « Tout cela a fini par convaincre même les plus sceptiques, que le gouvernement ne semble pas faire de la répression des crimes économiques une préoccupation. Bien au contraire, il fait la promotion de ces crimes et des criminels », a martelé le responsable de la F-SYNTER, Souleymane Badiel.

Se tenir prêts pour des actions de lutte

Pour la F-SYNTER, le secteur de l’éducation est toujours confronté aux maux récurrents tels que le manque d’infrastructures éducatives dans tous les ordres d’enseignement, les effectifs démentiels dans les classes et les amphithéâtres, la privatisation à grande échelle et le manque de personnels à tous les niveaux. Le système éducatif, selon les syndicats, s’illustre par sa très faible efficacité interne et externe.

Quant aux mesures prises sous le prétexte de contrer le Covid-19, elles ont engendré de graves conséquences sur le secteur. Ainsi, la fermeture des universités et des établissements dès le 16 mars 2020 et le plan « scabreux » de riposte pour la continuité éducative dans le contexte de Covid-19 impacteront négativement la qualité du système.

De plus, la F-SYNTER note, de la part du ministre Stanislas Ouaro, « une option morbide de répression des travailleurs et une volonté manifeste de détruire des engagements importants du protocole signé avec les syndicats ». C’est pourquoi, la F-SYNTER appelle tous ses militants à se tenir prêts, et dans la discipline syndicale, pour les « inévitables » mots d’ordre que la situation et les circonstances commanderont.

Issoufou Ouédraogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net